Lundi et mardi

Et voilà. Hier au Conseil Constitutionnel. Sortir sur le balcon et voir les colonnes de Buren de haut et décidément trouver ça moche à cause des grilles affreuses au sol. C'est pire vu du haut. Nuée de caméras et de micros, de flashs et d'électricité dans l'air. L'hystérie comme chaque fois maintenant autour du moindre événement. Il s'agissait-là d'annoncer la liste des candidats à l'élection présidentielle. Dehors, devant la porte, on attend José Bové. J'apprends alors qu'il s'appelle Joseph en vrai et qu'il ne viendra pas mais par contre il y a ce candidat royaliste malheureux (dit-il) avec une bouteille sabrée qui est déjà légèrement éméché, on craint même qu'il se coupe. Et cette femme qui débite une litanie de désespoir, un dossier brandi en avant (rien à voir avec l'événement). Je me demande comment elle est arrivée là. Et moi je me dis merde. Je suis une mouche. Au milieu des mouches. A tournicoter comme ça autour de l'événement. Mais c'est mon boulot il paraît. Le soir à la télé, quasiment rien de ce que j'aurai vu ne sera à l'antenne. Parce que c'est comme ça. Entre ce qu'on voit et ce qui intéresse les téléspectateurs (soi-disant), il y a un monde. Le mien.
Changer de travail. Etre payée pour faire autre chose. Faire autre chose pour nourrir poulet. Que la mouche.

Et aujourd'hui alors je suis contente de faire ce travail. Même si la caméra est lourde. Que j'ai mal au bras. Et que je peine à faire comme je voudrais. Pour que le boulot soit bien fait. Je suis contente parce que je travaille avec un homme intelligent et bien élevé et que le sujet c'est l'ouverture de La cité de l'architecture et du patrimoine. C'est beau. Et surtout cette exposition où il n'y a que ces films projetés sur 25 écrans alignés le long d'une longue courbe. Des films sans parole qui racontent des histoires d'architecture à travers le temps. Le temps de l'histoire et le temps de la construction. Où l'on voit des immeubles sortir de terre. La tour Eiffel grimper vers le ciel, et des maisons de gens comme ça. des belles maisons. Et puis aussi, des vieux films mythiques. Parce qu'ici, avant, c'était la cinémathèque. Le journaliste intelligent et bien élevé pose des questions à deux hommes de très grande taille. Et l'un des deux dit : Ce qu'on voulait faire, c'est parler pour une fois en architecture pas de l'espace, mais du temps.
Et en plus j'ai eu un beau catalogue de l'exposition, qui raconte toutes les histoires de ces films. Des fois c'est quand même bien comme boulot le boulot que je fais...

Voilà. Une presque bonne journée. Parce que finalement, c'est peut-être la fatigue et de penser à tout de que je voudrais faire et que je ne trouve pas le temps de faire, mais une forme bénigne de mélancolie me gagne en plein biberon du poulet.